Ma fille est emétophobe

Bonjour, je suis nouvelle sur ce forum et j'ai lu avec beaucoup d'attention beaucoup de vos messages. Ma fille de 15 ans est emétophobe. Petite déjà elle avait très peur de vomir mais depuis le mois de janvier (où elle a eu une gastro), c'est devenu une véritable obsession. Elle a fait des crises d'angoisse et elle est actuellement suivie mais j'ai l'impression que ce n'est pas suffisant. Elle ne va plus à l'école depuis 5 mois car elle a peur d'être malade et que mon mari ou moi mettions trop de temps pour venir la chercher. Elle n'ose plus dormir seule, ce qui fait qu'on lui a installé un matelas dans notre chambre. Elle a très peur de trop s'éloigner de la maison et dès qu'elle doit aller quelque part avec ses amis, si c'est trop loin de la maison, elle panique et souvent n'y va pas. Dès qu'elle a un petit peu mal au ventre, c'est la cata, elle est persuadée qu'elle va être malade et j'ai beau essayer de la rassurer, elle s'angoisse quand même. Je sais que c'est une vraie souffrance pour elle et ça me déchire le coeur car je suis complètement impuissante. J'essaie du mieux que je peux de calmer ses angoisses en lui faisant faire des respirations et en lui faisant des massages. Ca la rassure mais la peur reste encrée en elle et c'est cette peur que j'aimerais voir partir. Je m'inquiète pour son avenir car, vu sa difficulté à s'éloigner de la maison, comment fera-t-elle pour aller travailler ? Pour vivre sa vie sans nous ? Pour faire des voyages ? Bref, tout ce qui fait une vie.

Vous qui vivez cette phobie, savez-vous faire la différence entre des "vraies" nausées et des nausées psy ? Avez-vous des techniques qui fonctionnent pour vous "détourner" des pensées négatives et angoissantes ? Que puis-je lui dire pour la rassurer encore plus ?

Toutes les petites choses que vous pourrez me transmettre seront les bienvenues.

Je vous souhaite à tous beaucoup de courage car je vois à quel point cette phobie est handicapante et combien elle peut mener au désespoir.

Tout d'abord bienvenue. Je te félicites d'être une mère aussi attentive et surtout "au courant" de la phobie de ta fille.

En ce qui me concerne, je suis ce qu'on peut dire une émétophobe "guérie" et du plus loin que je me souvienne, avant d'être guérie bien sûr, j'ai jamais pu faire la différence entre les nausées psy et non psy. Sauf que les nausées psy sont là quand on a PEUR d'être malade et elles apparaissent à tout moment de la journée.

Je n'ai pas vraiement de truc à te donner. Chacun trouve ses propres trucs. Peut-être que ta fille pourrait venir nous parler sur le forum, ça l'aiderait peut-être.

Allez, bon courage. Faut garder en tête qu'on peut la vaincre cette phobie, mais c'est pas du jour au lendemain. Moi j'ai 26 ans et j'ai été émétophobe toute ma vie...et maintenant je peux vivre normalement.

Bonne chance et réécris nous!

Tout d'abord bavo de vs soucier de la santé mentale de votre fille!J'avoue que c'est la 1ere fois que je suis sur ce site.Vs etes donc la 1ere personne exterieure à qui j'en parle.Votre témoignage m'a particulierement interpellé.En effet,votre fille me fait penser à moi au meme age.Actuellement,j'ai 25 ans.
Il faut absolument un suivi par un psy-comportementaliste
De plus,il lui faut des habitudes,ainsi que des petites épreuves au quotidien pour elle pouvoir se dépasser.Le fait qu'elle vs en ai fait part et la preuve qu'elle a une totale confiance en vous.Visiblement,vous la rassurez et etes toujours presente pour elle.Je vs dis cela car moi-meme,j'ai mes soeurs sur qui compter etavec lesquelles je vis.Mais ne désespérez pas car plus le probleme est pris à temps,mieux est la guerison.J'avais commencé une therapie il y a 3 ans mais je n' ai été que 7 fois.Actuellement,je vais en refaire une,car cela aide enormement.C'est tres eprouvant,car cela demande un depassement de soi.Moi,j'ai reagi un peu tard.Résultat,je suis incapable de travailler,de sortir,de faire les courses,je n'ai plus d'amis,bref en un mot plus de vie.Alors il faut que votre fille ne soit pas isolée et qu'elle continue de voir ses amis,cela lui evitera d'etre deja un peu moins obsedée par sa phobie.
Je vous souhaite à tous et plus particulierement à elle bon courage.Car chaque jour est un combat.

Bonjour Véro.

Je me joins aux filles pour vous dire que votre fille à la chance d'avoir une maman comme vous:)
Sinon pour répondre aux questions, généralement j'arrive à distinguer les nausées psy des vraies et de celles de la faim mais c'est tout aussi difficile à calmer. Pendant longtemps des que je prenais des anti émétiques les nausées disparaissaient(preuves qu'elles n'etaient pas "physique").Il faut qu'elle se lance des défis le plus vite possible, le premier serait qu'elle reprennent l'école.(à la rentrée prochaine si avant ce n'est pas possible) C'est vraiment très difficile. J'ai moi même du passer 5 ans au lycée parce que c'etait un vrai défis, j'etais souvent absente, malade.J'ai fais des grosses périodes de dépression.(redoublé première et terminal)

Merci à vous pour vos réponses. Ca fait chaud au coeur de lire que cette phobie peut être vaincue. Je sais, et ma fille aussi, que le chemin sera long mais elle s'accroche. Elle s'est déjà lancé des défis qu'elle a relevé avec une grande satisfaction (elle s'est endormie dans sa chambre pendant 1 heure). Pour elle s'était une grande victoire et pour nous aussi. Elle est partie samedi dernier à Yverdon (nous somme de Genève et Yverdon se trouve à 1 heure de route). Elle était stressée avant de partir mais lorsqu'elle est rentrée elle était toute folle d'avoir pu y aller sans faire de crise d'angoisse. Quant à retourner à l'école, elle y va pour ses examens uniquement (ce qui est déjà pas mal). A la rentrée, elle intègre une école de maquillage. J'espère qu'elle s'accrochera et que tout se passera bien. Elle a la chance d'avoir un petit copain très chouette qui la comprend et ne se moque pas d'elle. Il l'aide beaucoup et arrive à la détendre et la rassurer.

Je ne crois pas être une maman plus attentive qu'une autre. Etant moi-même claustrophobe, je sais ce qu'est une crise d'angoisse et ce que c'est que d'être terrorisée. C'est sans doute la raison qui fait que j'arrive à la comprendre et que jamais je ne lui ai dit des phrases du genre : "tu exagères", "arrête ton cinéma", etc.. Les gens se sont assez moqués de moi et jamais je ne pourrais me moquer de ma fille (ou de quelqu'un) qui a une phobie, quelle qu'elle soit.

Ma fille a rendez-vous aujourd'hui avec un nouveau psychiatre. Elle en a vu une récemment mais celle-ci n'a rien trouvé de mieux à dire à ma fille, après 15 minutes d'entretien, qu'il faudrait peut-être qu'elle se fasse enfermer !!!! Si c'est ça un psychiatre, moi je suis la reine d'Angleterre. Inutile de vous dire que ma fille s'est complètement fermée et n'a plus voulu y retourner (avec raison). On verra donc ce que ce nouveau médecin peut apporter à ma fille. Je suis pleine d'espoir.

Accrochez-vous les filles, et dites-vous que, si vos parents ou vos amis ne vous comprennent pas, c'est sans doute parce que ce que l'on ne connaît pas fait peur. En tant que parent, on aimerait que tout aille comme sur des rails et on a tendance parfois à se voiler la face par peur d'affronter un problème. Mais à force d'expliquer à ceux qu'on aime, ils finissent par comprendre.

bonjour,

je suis moi aussi éméto depuis que j'ai 18 ans et mes parents se sont aussi sentis impuissants, la solution pour moi a été une thérapie comportementale et puis la vie qui te fait avancer, j'espère que le nouveau psychiatre vous proposera ce genre de thérapie. J'avais rencontré à l'époque Christophe ANDRE à l'hôpital St Anne à Paris et il m'a conseillé une psychiatre spécialisée. Quoi qu'il en soit la méthode est de se confronter à la phobie, d'arrêter d'éviter les situations angoissantes et de se séparer de ces objets contraphobiques. Même si elle a l'impression que le fait de la rassurer l'aide en fait ça ne fait qu'empirer la phobie sur le long terme, bien sûr tout doit être progressif mais si déjà elle se lance des défis c'est qu'elle est sur la bonne voix....
bon courage à vous, je sais combien ma mère a souffert de cette phobie et combien j'ai culpabilisé de lui faire vivre cet enfer. Une thérapie analytique m'a fait mettre le doigt sur certaines choses du passé, ça aide aussi de savoir mais ça ne résout pas le problème au quotidien......
à bientôt
alexandra

Mes parents ont vécu éxactement la même chose. Et j'ai été interpellée pour le matelat a coté de votre lit parce que c'est ce qu'ils ont fait quand j'avais 12 ans, et ce pendant 6 mois! Alors évidemment, certains diront que c'est pas bien et que ça aide pas à lutter contre la phobie, mais à travers mon expérience personnelle, je sais que ça m'a fait énormément de bien et que mes parents m'ont en quelque sorte sauvée.

En fait c'est bizarre parce qu'en vous lisant j'ai l'impression d'entendre ma mère il y a 8 ans. Vous comprenez parfaitement ses angoisses parce que vous en avez aussi, et rien qu'avec ça votre fille se sentira toujours hyper soutenue, et je pense que le soutien des proches contribuent à la guérison.
Malheureusement vous ne pouvez pas faire tout le travail à sa place, elle va devoir de son coté se prendre en main et affrontez des moments difficiles sans vous.

Personnellement je ne suis pas du tout guérie, mais la phobie a changé de place. Disons que j'ai réussi a deviner er combattre mes nausées psy, aujourd'hui je n'en ai quasiment plus. Et surtout le plus important, je ne fais plus de crise d'angoisse. Alors d'accord, rassurer c'est pas bien, ça ne m'a pas réconcilier avec le vomi, mais grace à ça j'ai pu controler les nausées, les angoisses.

Vous vous sentirez toujours impuissante, quoi que vous fassiez, mais l'aide que vous lui apportez aujourd'hui se concrétisera sur le long terme.
Je n'ai pas vraiment de conseils à donner à part celui de rester présent et à l'écoute, vous n'etes que ses parents et vous ne pouvez pas faire les choses à sa place. C'est elle qui devra se battre contre la phobie, elle seule.
Quoi qu'il en soit ne soyez pas désesperés, comme vous avez pu le voir sur le forum on est toutes passées par la et c'est pas pour autant que notre vie est foutue. Il y a des phases, des fois ça va, desfois ça va pas, je pense que ce qu'on vit au quotidien a une influence énorme sur la phobie. Il faut juste faire attention à ce qu'elle ne s'enferme pas sur elle même au point de sombrer dans la dépression.

En tout cas c'est bon de voir que certains parents réagissent intelligemment

je reconnais bien-sûr que le fait de rassurer nous aide bcp, et j'avoue qu'encore aujourd'hui je demande à être rassurée et oui ça me fait un bien fou mais de ce que les médecins disent c'est pas l'idéal, enfin chacun fait ce qu'il peut et on réagit tous différemment.....

Personnellement, je pense que rassurer quelqu'un n'a jamais fait de mal. Je sais que ni mon mari ni moi ne pouvons faire les choses à la place de ma fille. Mais je crois que la prendre dans nos bras, la rassurer pour qu'elle ait moins peur, lui fait du bien même si ça ne la guérit pas. On a tous besoin d'être rassurés. Même lorsque l'on est adulte (j'ai 40 ans), lorsque quelque chose ne va pas, entendre quelqu'un nous parler, nous tranquiliser, ça fait un bien fou. Encore aujourd'hui, le fait que mes parents me rassurent c'est bon. Quand je pars de chez eux après avoir confié mes craintes, je suis apaisée même si le problème reste inchangé. C'est vrai que les médecins disent que c'est pas génial, mais je ne pourrai jamais laisser ma fille en état de panique sans réagir.

bonjour,

en fait ce que j'entends par "ne pas rassurer" c'est ne pas lui dire "je te promets que tu ne vas pas vomir", je ne parle pas en effet des bras d'une maman ou de l'affection voire de l'écoute. C'est en effet important d'avoir le soutien de ses proches, j'ai moi-même une fille et j'aurais également du mal à ne pas la consoler.
Comment s'est' passé le rdv avec le nouveau psychiatre?

Bonjour Alexandra,
Je comprends tout à fait ce que vous dites de ne pas lui promettre qu'elle ne vomira pas. Je ne le fais pas d'ailleurs. Je ne promets rien que je ne peux pas tenir.
Pour son rendez-vous, elle ne voulait pas y aller. Cela fait 5 mois qu'elle est suivie dans un centre de traitement intensif ambulatoire et elle m'a dit que là elle en avait un peu marre de toujours devoir raconter la même chose. Elle me dit que ces temps elle se sent bien et qu'elle en a assez de voir des psys. Je ne pouvais pas la forcer car je ne peux pas parler à sa place. J'ai donc annulé le rendez-vous. Je vais lui laisser un peu de temps. Lorsqu'elle en sentira le besoin, elle me le dira. Je ne sais pas si c'est la bonne solution mais je sais que si je l'emmène de force, elle n'ouvrira pas la bouche et ça ne fera pas avancer les choses. Donc.... on verra comment ça évolue.

oui je comprends ce qu'elle peut ressentir, moi aussi j'en ai eu marre d'essayer plusieurs médecins, plusieurs techniques, en effet si c'est à contre-coeur ça ne sera pas efficace. En tt cas si elle se sent mieux c'est le principal, je suis vraiment touchée par votre démarche, avant d'avoir ma fille je ne comprenais pas autant ce que pouvais ressentir ma mère. Est-ce que votre relation est fusionnelle? j'ai lu un livre sur les phobies et ils indiquaient que la peur de la séparation pouvait être une piste, moi je suis dans ce cas précis, j'ai 30 ans et l'impression d'être affectivement hyper dépendante de ma mère....enfin cette hyper sensibilité nous pose des problèmes mais nous permet aussi de vivre les choses vraiment à fond (quand l'obsession ne nous paralyse plus évidemment). Je pense qu'il faut aussi s'accepter et ne pas avoir honte de ce que l'on est....la lecture du livre "libres, imparfaits et heureux" de Christophe ANDRE aide aussi pour l'estime de soi. en tt cas si votre fille est aussi bien entourée qu'elle semble l'être il n'y a pas de raison qu'elle ne s'en sorte pas et qu'elle ait une belle vie! à bientôt, alexandra