Un vrai cercle vicieux

Hey. Après avoir lu l'ensemble des sujets dans cette partie du forum, je me sens comme obligée de raconter mon quotidien avec la nourriture. Je me suis reconnue dans la majorité des posts et je dois dire que c'est devenu ingérable pour moi.

J'ai toujours eu des problèmes concernant mon alimentation, mais tout s'est réellement aggravé il y a un an et demi. A cette période, j'ai perdu 6kg en quelques semaines parce que je refusais de manger ou de boire quoique ce soit. J'ai passé de terribles mois allongée tellement je me sentais fatiguée et comme beaucoup ici, moins je mangeais plus je me sentais mal et moins je voulais manger. J'ai fais énormément de malaises à cause de ça et la seule chose qui m'a fait tenir est le sucre. Ma mère a eu la bonne idée de me dire que ça passe directement dans le sang et pas dans l'estomac, du coup j'ai accepté d'en prendre. C'est de cette manière que j'ai remarqué que je devais recommencer à m'alimenter si je ne voulais pas mal finir (surtout en sachant que je n'ai jamais été épaisse). Aussi, le fait de ne rien manger me tapait énormément sur le système nerveux et un rien me faisait pleurer, un vrai enfer.

J'ai finalement réussi à passer au dessus de ces terribles mois et j'ai recommencé à manger à peu près normalement, malgré la phobie très (trop) présente dans ma vie. Et depuis quelques semaines j'ai remarqué que j'ai des passages entre ne pas assez manger et d'autres où, justement, je mange trop au point de presque me rendre malade. En général, j'écoute mon corps pour lui donner le taux de nourriture dont il a besoin, mais lorsque j'ai ces "crises" où je veux juste manger tout ce que je trouve, j'ai l'impression que c'est mon cerveau qui prend le dessus, au point où je me sens mal et je dois prendre des médicaments pour ne pas vomir, ce qui me provoque des crises d'angoisses incontrôlables.

Comme beaucoup, j'ai passé des tonnes d'examens à l'hôpital pour écarter toutes formes de maladies et sur les 4 médecins que j'ai pu voir, 3 m'ont dit que je souffrais d'anorexie comportementale. Lorsque j'ai entendu ces mots la première fois je suis sortie en pleurant parce que je refusais d'entendre un inconnu me dire que je suis comme ça alors que dans ma tête je me faisais pas vomir puisque c'est ma phobie, et j'ai mis de longs mois à accepter le fait qu'il puisse y avoir d'autres formes à des stades différents d'anorexie. Aujourd'hui, avec un peu de recul et beaucoup de travail sur moi même, je me rends compte que la phobie m'a provoquée cette anorexie comportementale ou quoique ce soit d'autre et je ne sais absolument pas quoi faire.

Comme je te comprends...Je suis pareille (ou presque). J'ai tellement refusé longtemps de me faire catégoriser d'anorexique! Et encore aujourd'hui...

Donc j'espère ne pas te froisser en te disant ceci : J'ai l'impression que lors de ces rages de nourriture que tu as, se cache le même mécanisme sous-jacent à la boulimie. Je ne dis pas que tu l'es! Parce que pour moi et j'imagine pour toi, cette maladie est le comble de l'horreur. Mais, j'ai appris beaucoup de choses sur les troubles alimentaires lors de mes thérapies, et je sais que la boulimie (rages de manger) est souvent liée au fait de se priver. Plus on se prive, plus on risque de perdre le contrôle et tomber dans l'excès. Que ce soit conscient ou non, il y a surement des moments ou tu te prives beaucoup de manger, ou d'aliments qui te font sentir coupable, et donc tu est plus susceptible à ces crises. Le premier pas serait de moins te contrôler, et je pense que tes crises diminueraient d'elles-mêmes.

Tu ne me froisses pas du tout en disant cela. Pour être honnête le mot "boulimique" a déjà traversé ma tête mais je n'y ai pas porté d'attention parce que j'estime qu'entre la phobie et tout le reste ça fait beaucoup.

Sauf que je ne savais pas que la boulimie était réellement la rage de manger et ça m'a ouvert les yeux. La semaine dernière j'étais en voyage et comme j'ai des allergies (et la phobie bien sûr) je n'ai mangé que des frites toute la semaine parce que c'est un aliment sûr pour moi, en sachant que je ne mangeais pas le soir ou alors très tard dans la nuit (ce qui pouvait faire office de petit déjeuner). Depuis que je suis rentrée chez moi jeudi soir je n'arrête pas de manger, des assiettes improbables que même ma mère a du mal à me voir avaler. Sauf que hier soir a été la fois de trop et je n'ai presque pas dormi de la nuit parce que même avec les anti-vomitifs javais toujours de terribles nausées et ça s'est tourné en crise d'angoisse, comme toujours.

Ce matin je me suis levée et je n'ai mangé d'une petite madeleine pour éviter de faire un malaise et maintenant je meurs de faim, mais j'ai tellement été dégoûtée par hier soir que je refuse de manger ou de boire. Et j'ai l'impression d'être retombée dans la phase 'je ne veux rien manger au moins je n'ai rien à vomir', alors que j'ai passé 4 jours à trop manger.

A cette heure-ci, j'ai envie de te dire que j'ai compris la leçon et que je vais arriver à me contrôler mais au fond de moi je sais que c'est faux et que ça recommencera dans quelques semaines. Le problème c'est que je veux en parler avec mon psychiatre, mais à chaque fois que j'essaie, les mots ne sortent pas et je ressors déçue de moi même de n'avoir rien dit alors que je sais que j'ai besoin de me faire aider.

Hello !!!

Alors pour tout te dire, je te comprends.

J'ai eu une phase dite d'anorexie comportementale (j'ai perdu 20 kg) à cause d'une bactérie à l'intestin (iléus terminal) et je peux te dire que ça m'a achevé. Je ne mangeais plus rien de peur d'avoir des douleurs et autre. Là, je me sens plus ou moins bien et je mange comme un goret !!! J'ai repris 12 kilos sur les 20 kg. Ca fait pas du bien aux habits, mais qu'est ce que ça fait du bien au moral bordel ! Je me rappelle que dans ma phase d'anorexie comportementale j'étais triste de ne pas pouvoir manger ce que je veux, cela dit ça m'a quand même fait perdre pas mal de kilos que j'avais en trop, mais j'étais pas plus heureuse.

En ce moment, j'essaie d'arrêter le sucre raffiné qui est un vrai poison pour le corps (ça c'est un autre sujet). Pendant la journée ça peut aller, mais le soir en rentrant chez moi c'est la débandade, je me jette sur tout ce que je trouve (chocolat, bonbons, barres chocolatée, etc.). Oui, par la même occasion j'essaie de perdre du poids car je ne rentre plus dans mes fringues, mais c'est tellement dur hahaha ! La bouffe c'est la vie, c'est un plaisir, et c'est triste de ne pas en profiter ou au contraire d'en abuser, car dans les deux cas ton corps souffre.

Enfin bref, pour finir je me considère actuellement comme boulimique. J'en suis parfaitement consciente mais quand la tête veut pas suivre, le corps suit pas non plus. Tant que j'aurai pas décidé de prendre soin de mon corps, je n'en prendrai pas soin. Ce qui est fort dommage, car on est condamnés à vivre avec ce même corps toute notre vie. Si on en prends pas soin nous-même personne ne le fera.