L'émétophobie Sociale

La peur de vomir en public n'est pas à 100% de l'émétophobie. Rappelons que l'émétophobie est la peur de vomir et du vomi en général. En ce qui concerne cette peur très particulière qu'est la phobie de vomir en public, il faut davantage songer à une phobie sociale, qui fonctionne quasiment de la même manière que l'éreutophobie ( la phobie de rougir ).

Ce qu'il y a d'important à souligner, c'est cette notion de " public ", donc de présence sociale. Il s'agit d'une phobie sociale dans la mesure où tout se joue sur la crainte d'être jugé par autrui, et mal jugé.

Les personnes souffrant de cette phobie particulière sont parfois des personnes réservées ou timides, impressionnables. Ceci n'est cependant pas une règle d'or, certains phobiques sociaux ne sont absolument pas timides et développent leurs angoisses uniquement par rapport au jugement d'autrui sur eux-mêmes. Elles développent cette peur intense suite à un événement traumatisant et se replient peu à peu sur elles-mêmes, évitant les situations sociales angoissantes pour ne pas avoir à subir le regard de l'autre.

Cette obsession fonctionne en cercle vicieux :

" j'ai peur de vomir en public, je guette les nausées, je crois qu'elles arrivent, mon stress les fait venir, j'ai honte, cela me stresse encore plus ... et paf, les nausées s'amplifient et cela peut même arriver à me faire vomir ".

Ce genre de phobie sociale se soigne parfaitement bien puisqu'il ne s'agit à priori pas d'une angoisse profonde ancrée depuis l'enfance. La thérapie la plus adaptée est encore la TCC ( ou thérapie cognitivo-comportementale ) et le patient peut s'en sortir relativement rapidement en pratiquant les exercices donnés par le psy de façon quotidienne. Ces exercices sont vus comme éprouvants, ils font travailler l'imaginaire puis confrontent la personne peu à peu à ses angoisses, d'abord au cabinet, puis progressivement à l'extérieur. La transition se déroule en douceur et le patient accumule les progrès jusqu'à revivre de nouveau pleinement les situations sociales qui l'angoissaient.

Nombreuses sont ces situations :

- Manger avant de sortir
- Manger en compagnie d'autres personnes
- Prendre les transports en commun
- Aller au restaurant
- Travailler ...

En revanche, les personnes ayant développé cette phobie n'ont pas peur de vomir seules chez elles. Ce n'est pas réellement le vomi en lui-même qui les effraie mais le regard des autres. Elles n'ont pas peur non plus d'attraper des virus du type gastro-entérite, elles n'ont pas peur d'une éventuelle grossesse et des nausées qui peuvent accompagner la période du premier trimestre, elles n'ont pas peur de manger seules chez elles et ne vérifient pas systématiquement les dates limite de consommation des aliments. Il s'agit davantage de couplement avec l'agoraphobie que de couplement avec les TOC comme c'est le cas dans l'émétophobie.

Les angoisses sont différentes de celles des émétophobes mais il existe, comme dans toutes les phobies, quelques points convergents, notamment au niveau de la souffrance morale et de l'enfermement.

Voici les principales différences entre l'émétophobie et la phobie sociale qu'est la peur de vomir en public :

Ce qui différencie au mieux ces deux phobies, c'est tout simplement la réponse à la question " mourir ou vomir ? ". Les émétophobes disent très souvent : " Plutôt mourir que de vomir ! " et ce, même seuls chez eux.

Pour résumer, les racines et le fonctionnement de ces deux troubles n'est pas le même, mais quelques similitudes peuvent apparaître. Avec le temps, un émétophobe cumule souvent les deux troubles, ainsi que d'autres ( anorexie, hypocondrie, paranoïa, agoraphobie ... ) ; il s'est même déjà avéré qu'un émétophobe devienne phobique social à 100 %, délaissant sa peur de vomir primaire.