C'est l'heure du message philosophique!
3 participants
Page 1 sur 1
C'est l'heure du message philosophique!
Bonsoir (ou bonjour très tôt ) à tous !
Je reviens après quelques mois d’absence, je préfère ne pas lire les sujets du forum général, j’essaie déjà de m’extirper de mon lit ces derniers temps, et j’ai cette désagréable impression que tout paraît plus noir quand je le lis à travers le forum…
Bref, non pas spécialement de rechute pour justifier ce petit retour, seulement un message rétrospectif et qui, je l’espère, pourra vous faire méditer tout autant que je le fais en ce moment (l’heure y est plus que propice n’est-ce pas ? ^^).
Bon d’abord je dois vous dire que je pensais ne « jamais » revenir (j’essaie d’ôter les mots « jamais », « toujours » et « impossible » de mon vocabulaire désormais, et c’est une très bonne thérapie…). Et finalement je me suis dit que le rejet total de quelque chose peut être considéré comme se voiler la face, c’est pourquoi j’ai regardé mes anciens messages. Quand je me suis inscrite sur le forum, j’avais 14 ans. J’en ai aujourd’hui 19, et il m’est fort amusant de constater que… Je ne me trouve pas aussi immature que ça dans mes anciens messages, alors que je pouvais me voir comme telle il y a quelques mois. Il m’aura fallu cinq ans de recul pour lire mes anciens messages sous un autre angle, enfin.
Car c’est une chose générale que j’ai remarquée à travers mes réflexions (trop nombreuses mais parfois fructueuses !) : j’ai tendance, lorsque je contemple mon travail ou ne serait-ce que mon reflet dans le miroir, à ne voir que mes faiblesses, mes imperfections, comme si je me connaissais trop bien, mon style d’écriture, mes taches sur la peau… Eh bien aujourd’hui en relisant, j’avais devant moi les messages de… quelqu’un d’autre, que je ne connais pas ou plus. Force m’est alors de constater que j’ai vraiment avancé, d’abord parce que je ne vois plus du tout que mes défauts en lisant ces lignes, ensuite parce que, par conséquent, je peux les analyser avec un œil totalement nouveau.
Mais ce n’est pas pour ça que j’ai décidé d’écrire. Une chose me frappe particulièrement, et cela devrait vous faire réfléchir. C’est cette incroyable force avec laquelle on s’accroche à sa peur, force malsaine mais bien existence. Il y a quelques mois, quand j’essayais de (re)prendre confiance en moi, j’ai considéré cette période sombre de ma vie où la phobie étais plus que présente. Et je me suis rendue compte que j’avais une sorte de force, qui me poussait à vivre toujours de la même façon, même si c’était la mauvaise façon… Loin de moi l’idée de trouver des avantages à la phobie, ce serait se tromper de direction. Mais il faut bien se dire que si l’on a peur, c’est qu’on est encore en vie, c’est qu’on a encore la FORCE d’éprouver quelque chose, et qu’on a toujours le mérite de devoir être plus courageux que les autres.
Autre chose qui se confirme dans cette lecture… Mes parents m’ont laissée plutôt seule dans mes angoisses, d’abord parce que c’est très difficile à gérer, et ensuite parce que j’étais complètement renfermée sur moi-même. Et puis quelqu’un est entré dans ma vie, et s’est battu avec moi, ou pour moi, ou peut-être même à ma place… Aujourd’hui du moins c’est comme ça que je le ressens. Encore une fois je sais que ce n’est pas bien d’expliquer une phobie, mais il est indispensable de passer par une phase d’acceptation de son existence. De se dire oui, je sais que j’ai un problème, une faiblesse, et je sais tout aussi bien que c’est irrationnel et inexplicable, et c’est pour ça que je vais me battre contre ça. J’ai donc remarqué que… nous sommes les personnes les mieux placées pour combattre ça. Ça me paraît tellement évident en l’écrivant, et pourtant, je viens tout juste de le comprendre vraiment aujourd’hui. Aujourd’hui je ne veux pas que quelqu’un s’occupe d’effacer les dernières traces de la phobie dans ma vie, parce que c’est mon propre combat, que je la connais cette bonne vieille ennemie de phobie, c’est moi qui la porte depuis quinze ans. Et je ne veux surtout pas que qui que ce soit mène ce combat à la place. Comme le bonhomme handicapé dans Intouchables, je ne veux pas être épargnée, qu’on me cache les yeux devant une scène dans un film, qu’on évite de faire des blagues sur le vomi en ma présence. Parce qu’il n’y aura pas que des gens honnêtes et compréhensibles dans la vie, mais c’est ça qui nous endurcit. Et aussi parce qu’il n’y a pas marqué ÉMÉTOPHOBE sur mon front, ni même sur le vôtre, et il faut se mettre ça dans le crâne. La meilleure façon de ne pas avancer, c’est de se construire tout un petit monde autour de la phobie, et s’éloigner du réel… Se conforter dans l’idée que l’on n’est pas normal. Et si vous mettez tout le monde au courant, c’est fini…
Je parle de ce « petit monde » parce que j’ai eu une autre idée en lisant. C’est fou comme la phobie vous fait tout voir à l’envers, et vous plonge dans un cercle vicieux. Je lis que j’avais très peur dans le bus, chez moi, partout en somme. Eh bien je suis persuadée que j’aurais été bien mieux très loin de chez moi, justement en dehors de cette routine qui me rongeait, et pour preuve, aujourd’hui les lieux que je trouvais sécurisants m’inspirent un certain dégoût. Pour la première fois réellement aujourd’hui, j’ai ce goût de l’indépendance, de partir très loin de ce que j’ai été, à la fois physiquement et psychologiquement. La peur n’évite pas le danger comme on dit (si toutefois on puisse parler de danger pour une phobie, disons plutôt celui que l’on s’invente), alors à quoi bon s’enfermer chez soi et se persuader que c’est un lieu plus « sûr » qu’au milieu d’une forêt ?
Depuis le mois d’avril je suis en pleine reconstruction, avec des hauts et des bas. Je suis rentrée dans la vie active cet été, une chose que je ne partage avec personne d’autre. Je sais où je vais pour mes études l’année prochaine, et je compte bien me défoncer. Je sais que je veux faire du patin, de la danse, du chant, eh ouais tout ça. Je ne veux pas me laisser une seule minute pour regretter toutes ces années perdues à rester dans mon lit et angoisser tout en me persuadant que c’était toujours mieux de rester chez soi, ou pour laisser la phobie reprendre du terrain.
Je comprends aussi que c’était une erreur de ma part de renier celle que j’étais avant… Pourquoi la Camille d’il y a cinq ans n’aurait-elle pas le droit d’exister ? C’est le même cœur qui bat dans ma poitrine aujourd’hui. Peut-être que dans un premier temps j’ai eu besoin de rejeter ce passé douloureux en bloc pour pouvoir mieux accepter l’idée d’avancer, qui me faisait un peu peur. Maintenant je me rends compte que ce serait donner beaucoup trop d’importance à mes faiblesses, surtout qu’il s’agissait d’années d’études, de copines, de premières découvertes… Tout n’est pas si sombre, je me suis battue en vain contre moi-même, et je me suis éreintée.
Ça fait beaucoup de bien d’écrire tout ça ! Mais il commence à être très tard, je vais aller me coucher si je veux tenir debout demain. Si vous avez lu jusqu’au bout je vous dis bravo, je souhaite que ça vous serve de réflexion aussi, même si la meilleure solution pour s’en sortir reste encore de lever les fesses de sa chaise, d’éteindre son ordinateur et d’aller affronter la vie !
Bonne nuit
Je reviens après quelques mois d’absence, je préfère ne pas lire les sujets du forum général, j’essaie déjà de m’extirper de mon lit ces derniers temps, et j’ai cette désagréable impression que tout paraît plus noir quand je le lis à travers le forum…
Bref, non pas spécialement de rechute pour justifier ce petit retour, seulement un message rétrospectif et qui, je l’espère, pourra vous faire méditer tout autant que je le fais en ce moment (l’heure y est plus que propice n’est-ce pas ? ^^).
Bon d’abord je dois vous dire que je pensais ne « jamais » revenir (j’essaie d’ôter les mots « jamais », « toujours » et « impossible » de mon vocabulaire désormais, et c’est une très bonne thérapie…). Et finalement je me suis dit que le rejet total de quelque chose peut être considéré comme se voiler la face, c’est pourquoi j’ai regardé mes anciens messages. Quand je me suis inscrite sur le forum, j’avais 14 ans. J’en ai aujourd’hui 19, et il m’est fort amusant de constater que… Je ne me trouve pas aussi immature que ça dans mes anciens messages, alors que je pouvais me voir comme telle il y a quelques mois. Il m’aura fallu cinq ans de recul pour lire mes anciens messages sous un autre angle, enfin.
Car c’est une chose générale que j’ai remarquée à travers mes réflexions (trop nombreuses mais parfois fructueuses !) : j’ai tendance, lorsque je contemple mon travail ou ne serait-ce que mon reflet dans le miroir, à ne voir que mes faiblesses, mes imperfections, comme si je me connaissais trop bien, mon style d’écriture, mes taches sur la peau… Eh bien aujourd’hui en relisant, j’avais devant moi les messages de… quelqu’un d’autre, que je ne connais pas ou plus. Force m’est alors de constater que j’ai vraiment avancé, d’abord parce que je ne vois plus du tout que mes défauts en lisant ces lignes, ensuite parce que, par conséquent, je peux les analyser avec un œil totalement nouveau.
Mais ce n’est pas pour ça que j’ai décidé d’écrire. Une chose me frappe particulièrement, et cela devrait vous faire réfléchir. C’est cette incroyable force avec laquelle on s’accroche à sa peur, force malsaine mais bien existence. Il y a quelques mois, quand j’essayais de (re)prendre confiance en moi, j’ai considéré cette période sombre de ma vie où la phobie étais plus que présente. Et je me suis rendue compte que j’avais une sorte de force, qui me poussait à vivre toujours de la même façon, même si c’était la mauvaise façon… Loin de moi l’idée de trouver des avantages à la phobie, ce serait se tromper de direction. Mais il faut bien se dire que si l’on a peur, c’est qu’on est encore en vie, c’est qu’on a encore la FORCE d’éprouver quelque chose, et qu’on a toujours le mérite de devoir être plus courageux que les autres.
Autre chose qui se confirme dans cette lecture… Mes parents m’ont laissée plutôt seule dans mes angoisses, d’abord parce que c’est très difficile à gérer, et ensuite parce que j’étais complètement renfermée sur moi-même. Et puis quelqu’un est entré dans ma vie, et s’est battu avec moi, ou pour moi, ou peut-être même à ma place… Aujourd’hui du moins c’est comme ça que je le ressens. Encore une fois je sais que ce n’est pas bien d’expliquer une phobie, mais il est indispensable de passer par une phase d’acceptation de son existence. De se dire oui, je sais que j’ai un problème, une faiblesse, et je sais tout aussi bien que c’est irrationnel et inexplicable, et c’est pour ça que je vais me battre contre ça. J’ai donc remarqué que… nous sommes les personnes les mieux placées pour combattre ça. Ça me paraît tellement évident en l’écrivant, et pourtant, je viens tout juste de le comprendre vraiment aujourd’hui. Aujourd’hui je ne veux pas que quelqu’un s’occupe d’effacer les dernières traces de la phobie dans ma vie, parce que c’est mon propre combat, que je la connais cette bonne vieille ennemie de phobie, c’est moi qui la porte depuis quinze ans. Et je ne veux surtout pas que qui que ce soit mène ce combat à la place. Comme le bonhomme handicapé dans Intouchables, je ne veux pas être épargnée, qu’on me cache les yeux devant une scène dans un film, qu’on évite de faire des blagues sur le vomi en ma présence. Parce qu’il n’y aura pas que des gens honnêtes et compréhensibles dans la vie, mais c’est ça qui nous endurcit. Et aussi parce qu’il n’y a pas marqué ÉMÉTOPHOBE sur mon front, ni même sur le vôtre, et il faut se mettre ça dans le crâne. La meilleure façon de ne pas avancer, c’est de se construire tout un petit monde autour de la phobie, et s’éloigner du réel… Se conforter dans l’idée que l’on n’est pas normal. Et si vous mettez tout le monde au courant, c’est fini…
Je parle de ce « petit monde » parce que j’ai eu une autre idée en lisant. C’est fou comme la phobie vous fait tout voir à l’envers, et vous plonge dans un cercle vicieux. Je lis que j’avais très peur dans le bus, chez moi, partout en somme. Eh bien je suis persuadée que j’aurais été bien mieux très loin de chez moi, justement en dehors de cette routine qui me rongeait, et pour preuve, aujourd’hui les lieux que je trouvais sécurisants m’inspirent un certain dégoût. Pour la première fois réellement aujourd’hui, j’ai ce goût de l’indépendance, de partir très loin de ce que j’ai été, à la fois physiquement et psychologiquement. La peur n’évite pas le danger comme on dit (si toutefois on puisse parler de danger pour une phobie, disons plutôt celui que l’on s’invente), alors à quoi bon s’enfermer chez soi et se persuader que c’est un lieu plus « sûr » qu’au milieu d’une forêt ?
Depuis le mois d’avril je suis en pleine reconstruction, avec des hauts et des bas. Je suis rentrée dans la vie active cet été, une chose que je ne partage avec personne d’autre. Je sais où je vais pour mes études l’année prochaine, et je compte bien me défoncer. Je sais que je veux faire du patin, de la danse, du chant, eh ouais tout ça. Je ne veux pas me laisser une seule minute pour regretter toutes ces années perdues à rester dans mon lit et angoisser tout en me persuadant que c’était toujours mieux de rester chez soi, ou pour laisser la phobie reprendre du terrain.
Je comprends aussi que c’était une erreur de ma part de renier celle que j’étais avant… Pourquoi la Camille d’il y a cinq ans n’aurait-elle pas le droit d’exister ? C’est le même cœur qui bat dans ma poitrine aujourd’hui. Peut-être que dans un premier temps j’ai eu besoin de rejeter ce passé douloureux en bloc pour pouvoir mieux accepter l’idée d’avancer, qui me faisait un peu peur. Maintenant je me rends compte que ce serait donner beaucoup trop d’importance à mes faiblesses, surtout qu’il s’agissait d’années d’études, de copines, de premières découvertes… Tout n’est pas si sombre, je me suis battue en vain contre moi-même, et je me suis éreintée.
Ça fait beaucoup de bien d’écrire tout ça ! Mais il commence à être très tard, je vais aller me coucher si je veux tenir debout demain. Si vous avez lu jusqu’au bout je vous dis bravo, je souhaite que ça vous serve de réflexion aussi, même si la meilleure solution pour s’en sortir reste encore de lever les fesses de sa chaise, d’éteindre son ordinateur et d’aller affronter la vie !
Bonne nuit
Millou- Eméto d'Or
-
Nombre de messages : 663
Age : 29
Date d'inscription : 06/04/2010
Re: C'est l'heure du message philosophique!
Bonjour,
Très beaux texte !
ça prouve encore une fois qu'on peut largement vivre avec cette phobie.
C'est plus facile à dire qu'à faire mais il faut y faire face.
Il faut essayer par tout les moyens de se convaincre que vomir n'est pas dangereux. Car plus on essayera de s'imaginer comment éviter de vomir et plus on aura peur...
Courage à toi
Très beaux texte !
ça prouve encore une fois qu'on peut largement vivre avec cette phobie.
C'est plus facile à dire qu'à faire mais il faut y faire face.
Il faut essayer par tout les moyens de se convaincre que vomir n'est pas dangereux. Car plus on essayera de s'imaginer comment éviter de vomir et plus on aura peur...
Courage à toi
Akash- Eméto de Coton
-
Nombre de messages : 38
Age : 32
Localisation : Quimper
Date d'inscription : 26/09/2012
Re: C'est l'heure du message philosophique!
Oh mon dieu, c'est tellement tout ce que je ressens!!!
Bien que, c'est vrai, je pense qu'on aura toujours cette crainte de vomir, on ne peux rien y faire, mais on peut vivre avec et s'adapter. Ce ne sont pas les gens qui doivent s'adapter à nous, mais à nous de faire l'effort.
Ca fait que depuis cette année que je vais énormément mieux. Evidemment, j'ai mes rechutes, j'ai mes angoisses, mais tout au long de l'année, j'ai été "contrainte" de changer. Car si je ne changeais pas maintenant, je n'aurais jamais eu le courage de le faire après.
C'est long, c'est dur, mais on a du mérite après, et on est fier de sois, alors ça, ça vaut tout l'or du monde.
En tout cas courage à tous!
Bien que, c'est vrai, je pense qu'on aura toujours cette crainte de vomir, on ne peux rien y faire, mais on peut vivre avec et s'adapter. Ce ne sont pas les gens qui doivent s'adapter à nous, mais à nous de faire l'effort.
Ca fait que depuis cette année que je vais énormément mieux. Evidemment, j'ai mes rechutes, j'ai mes angoisses, mais tout au long de l'année, j'ai été "contrainte" de changer. Car si je ne changeais pas maintenant, je n'aurais jamais eu le courage de le faire après.
C'est long, c'est dur, mais on a du mérite après, et on est fier de sois, alors ça, ça vaut tout l'or du monde.
En tout cas courage à tous!
Fraisou- Eméto de Diamant
-
Nombre de messages : 1997
Date d'inscription : 29/04/2011
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum