Bonjour à tous

Marie-Aude Lun 20 Juil 2015 - 10:50

Bonjour à tous!

Tout d'abord j'avoue qu'en 25 ans d'émétophobie, c'est la première fois que je vais chercher sur internet des informations la concernant. Et je n'en revient pas! Je me reconnais parfaitement pratiquement dans chaque post, je parcours ce site depuis 1 bonne heure les yeux comme des soucoupes!

J'ai 34 ans et je me souvient du jour J. J'avais 11 ans et j'ai regardé un documentaire sur les troubles alimentaires anorexie/boulimie. Mon angoisse a monté, sueurs froides, mais en même temps j'étais incapable de descotcher de la télé. Ca a commencé de suite en me disant que je ne devais plus jamais mettre les doigts à la bouche de peur qu'on pense que je sois victime de ces troubles (puis par hygiène : peur de la gastro), j'ai fais attention à la nourriture.
Puis la phobie s'est développée de manière progressive. Peur d'être malade (voir même le mot "vomi" m'angoisse), de voir quelqu'un malade. Puis plus tard peur des fêtes, de l'alcool ou autres substances pouvant faire perdre le contrôle. Peur des transports en commun, toilettes publics (je suis déjà tombée sur une fille la tête dans le lavabo....oui comme beaucoup certainement j'ai l'impression d'être un aimant à ce genre de situation), des scènes à la télé de gens malades (c'est dingue ce qu'il y en a).... Plus tard j'ai développé des troubles alimentaires, avec peur des odeurs de cuisine, des dates de péremptions, du % de lipides sur les étiquettes des aliments... Cela a duré plus d'un an avec perte de 20 kilos et consultations chez une psychothérapeute.

Puis à 23 ans j'ai rencontré mon compagnon actuel. Je dois dire qu'il a débloqué énormément de choses en moi. Il m'a réhabitué à manger le soir, à sortir un peu... C'est un homme très sociable et plein de vie, donc j'ai dû faire beaucoup d'efforts pour le suivre! Il connaît mon problème et fait attention pour moi, même si je sens qu'il ne comprend pas la portée de la phobie. Lorsque j'essais d'expliquer aux autres à quel point ça me ronge et m'handicape dans la vie quotidienne j'ai l'impression de faire face à un mur. Les mots ne sont pas assez forts, ou bien ils pensent que je les exagère.

Aujourd'hui je suis maman d'une petite fille de 2 ans. J'ai eu peur pendant ma grossesse de ne pas pouvoir faire face aux caprices de son estomac, mais l'instinct maternel a prit le dessus. Elle a souffert de régurgitations pendant 6 mois, mais j'ai réussi à gérer (tant que c'est que du lait...). Puis elle a été malade juste 1 fois et j'ai prit sur moi. J'ai été plus dégoutée qu'angoissée.

Pour conclure je dirai que la phobie va et vient, mais même dans les moments tranquilles, il y a toujours une petite partie du cerveau qui reste en veille, et je ne me sens pas du tout "guérie".
Je ne m'étendrai pas plus, et je vous souhaite à tous bon courage. La lutte est dure, contre quelque chose d'aussi insaisissable elle l'est toujours.
La construction de ma propre famille m'a en grande partie sauvée, car elle m'a permit en quelque sorte de m'"oublier", j'espère que vous trouverez tous aussi une telle locomotive pour vous guider.

Merci de m'avoir lu!