Emétophobie
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Message  Val Mar 15 Aoû 2017 - 0:10

Bonjour à tous,

Certains d'entre vous (les plus anciens ici) se rappellent peut-être de moi. Ca fait très très longtemps que j'ai quitté le forum un peu sans prévenir pour continuer mon cheminement personnel.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, comme vous tous, je suis ou plutôt je dis aujourd'hui, avec beaucoup de fierté, que j'étais émétophobe.

En effet, comme la plupart des gens ici, j'ai commencé à être phobique très tôt mais je n'ai pu mettre un mot sur mon mal-être que beaucoup plus tard.
Pour résumer mon histoire de façon relativement concise: j'ai commencé à être phobique vers l'âge de 8 ans. Etant enfant, plein d'insouciance, je n'en ai que peu souffert et j'ai eu une scolarité et une vie normale malgré quelques épisodes anxieux jusqu'à l'âge de 13 ans quand je suis rentré en seconde et que mon mal-être s'est aggravé de façon exponentielle. A cette période, j'ai développé une phobie sociale et une phobie scolaire. J'étais très angoissé et ma phobie de vomir n'en était que d'autant plus forte. J'avais peur de vomir en public, j'avais peur d'avoir la gastro, peur de voir des gens vomir jusque dans les films, d'être malade en voiture et en train, je ne sortais plus, je me sous-alimentais car le moindre mal de ventre était interprété comme une potentiel envie de vomir, je me lavais les mains jusqu'à en avoir des crevasses et avalais environ 1 boite et demie de Vogalib par semaine.
Résultat: je suis entrée dans l'engrenage que beaucoup ici connaissent, celui d'essayer tout ce qui est possible pour sortir de cette phobie de vomir qui régissait ma vie. Psychiatres (qui dans mon cas étaient tous des gros cons, on a pas tous la même chance de ce point de vue), hypnose, EMDR, magnétiseurs, sophrologie et j'en passe. La seule chose que j'ai toujours refusé était les médicaments de types antidépresseurs que je n'ai jamais pris et les anxiolytiques desquels je me suis vite débarrassé parce-qu'ils m'abattaient. En parallèle, après une année de 2nde réussie malgré beaucoup d'absences dues à mes problèmes de phobies et d'angoisse, je me suis heurté à l'éducation nationale qui ne reconnaissait alors pas encore la phobie scolaire, m'amenant à faire ma 1ère à distance avec le CNED et j'ai aussi découvert ce forum qui m'a aidé dans une certaine mesure à relativiser ma phobie et à enfin prendre conscience que je n'étais pas seul. Et bordel, ça faisait un bien fou de se sentir compris.

Durant tout cette période difficile, de la seconde jusqu'à la moitié de la terminale environ, j'ai été accompagné par une psychologue clinicienne qui, je le dis aujourd'hui, m'a rendu la vie. Il n'y a pas de mots assez fort qui puisse exprimer ma reconnaissance pour cette femme qui a su creuser au bon endroit et me faire grandir sur grand nombre d'aspects. Chose amusante: jamais le sujet de ma phobie de vomir n'a été abordée dans son cabinet. Pour mon cas, il s'est avéré que ma phobie n'était qu'un symptôme d'un mal-être plus profond ou du moins c'est comme ça que je l'ai interprété avec un peu de recul.
A partir de la terminale, lorsque j'ai repris les cours pour de bon, ma phobie s'est estompée petit à petit au profit de la rage de vivre comme je le rêvais alors. Sortir, manger, boire un petit coup de temps en temps, partir en vacances avec des amis sans se soucier de quoi que ce soit et surtout abandonner une bonne fois pour toute les anti-émétiques qui auraient plus eu une propension à me bousiller la santé qu'à me la préserver. Profiter de la vie en somme! Même si je sentais bien que ma phobie était là en filigrane et qu'il m'arrivait encore, des fois, d'avoir des petits moments d'anxiété pendant lesquels j'étais beaucoup trop à l'écoute de mon corps et un petit peu dramatique à l'idée d'avoir la nausée.

Depuis cette dernière période que je vous raconte, 4 ans se sont écoulés et entre temps les petites conneries de l'adolescence que je n'ai pas vraiment eue sont arrivées. Soirées alcoolisées, bars, boites de nuits... Au début avec crainte et modération, résidu de phobie oblige. Mais ne prenant plus trop garde de savoir si j'allais peut-être vomir ou pas, il m'est arrivé à plusieurs reprises de me prendre de sacrées cuites avec vomi en règle dont je ne tire aucune fierté particulière. Et la 3eme ou 4eme fois que ça m'est arrivé en 4 ans, j'ai eu ce déclic d'australopithèque, que l'émétophobe sobre même avec une peur peu présente comme c'était désormais le cas se refusait toujours d'admettre: lorsque l'on est dans le mal absolu, avec des nausées à peine comparables à une gastro, vomir n'est certainement pas plus agréable, certes, mais le soulagement procuré est salvateur au sens propre comme au figuré. Voilà, ce qu'est vomir maintenant à mes yeux. 30 secondes d'un réflexe physiologique désagréable induit par quelque chose qui de toute façon nous fait du mal et qui dans certains cas met potentiellement notre vie en danger. Que ce soit alcool, gastro ou intoxication alimentaire.

Alors je tiens à préciser avant qu'on me fasse dire ce que je n'ai pas dit que se cuiter n'est pas une solution à l'émétophobie. Grand Dieu ce n'est certainement pas le cas, sinon tout le monde le ferait et on en parlerait plus. Je vous raconte cela, car dans mon cas, cette conséquence néfaste de rares moments de fête pendant lesquelles je me sentais en confiance a fini d'effacer les restants de crainte que j'avais par rapport à cette phobie qui comme toutes les phobies, rappelons le, est irrationnelle.

Aujourd'hui, je suis en 3ème année de licence d'Anglais, j'ai une vie sociale et estudiantine bien remplie, et croyez le ou non: Entre une nausée du Diable contre lesquelles les médicaments ne pourront peut-être rien, aujourd'hui je préfère vomir.

Tout ceci pour vous dire, aux plus anciens comme aux tout nouveaux qui j'ai pu le constater affluent en grand nombre, qu'où que vous en soyez dans votre cheminement personnel, cette phobie comme d'autres phobies peut se surmonter et que même en supposant que vous ne vous en débarrassiez pas définitivement, vous pouvez tout de même réussir à la réduire de façon à mener une vie riche et épanouie loin de ce souci, qui même si je sais à quel point c'est facile à dire, ne vaut pas de se priver de quoi que ce soit.  

Si quelqu'un a des questions, je reste à disposition pendant quelques jours par MP ou même directement sur le post ce sera beaucoup plus simple!

Bien à vous, Valentin.
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Message  Laury5959 Mar 15 Aoû 2017 - 19:13

Bonsoir Valentin

Merci pour ce superbe message d'espoir ! Ça fait du bien à lire ...

Moi j'aurai une question :
Que t'a apporté cette psychologue clinicienne ?
Comment se sont déroulées les séances ? Les sujets abordés ?
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Message  Laulau Mer 16 Aoû 2017 - 8:41

Je rejoint également Laury et ses questions , curieuse d'en connaître d'avantage sur le sujet.

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Message  Val Mer 6 Sep 2017 - 14:10

Laury5959 a écrit:Bonsoir Valentin

Merci pour ce superbe message d'espoir ! Ça fait du bien à lire ...

Moi j'aurai une question :
Que t'a apporté cette psychologue clinicienne ?
Comment se sont déroulées les séances ? Les sujets abordés ?

Désolé pour le temps de réponse affreusement long, je suis parti en vacances entre temps et j'ai pas trouvé le temps...

Pour ce qui est de ce que m'a apporté la psychologue clinicienne en question, je dirais déjà, beaucoup d'écoute et de compassion en contraste avec les psychiatres et psychologues un peu farfelus que j'avais pu voir avant.
Auparavant j'avais plus ou moins entendu de tout. Un psychiatre m'avait quand même dit que l'origine de tous mes problèmes c'était que je ne disais pas assez "Non", qu'en gros j'étais castré et que si par exemple je voulais pas aller à l'école il me suffisait de ne pas y aller et que mes problèmes s'estomperaient. Je sais pas si tu imagines bien le niveau... Y'en a d'autre qui traitait ça comme une maladie physique et qui voulait me bourrer de médocs que je n'ai jamais pris parce-que je savais que ça m'ensuquerait.
Et là j'ai juste trouvé une personne qui a pris, selon moi, le problème pour ce qu'il était c'est à dire une séries de symptomes engendrés par quelque chose de plus profond. J'ai eu ce sentiment au bout de ces 2 ans qu'elle avait démêlé ce sac de noeuds que j'avais dans la tête pour donner un sens à mes problèmes. Et dans mon cas, il se trouve que le fait de donner un sens à tout ça, d'en connaitre les causes probables et de pouvoir mettre des mots dessus ça m'a permis de relativiser un maximum. Elle m'a plus poussé à réfléchir par moi-même en m'écoutant, en me donnant des pistes de reflexion et des conseils pratiques plutôt qu'en décrétant que tel était mon problème et en me disant que je devais faire ceci ou cela.

En ce qui est des séances, c'était des séances somme toute classiques. Entre 45 minutes et 1h30 pour les plus longues pendant lesquelles on parlait d’événements qui m'avaient marqué, relation avec mon père et ma mère, relations avec les autres etc. Une thérapie assez classique en fait. Et au fur et à mesure elle arrivait à me faire faire des liens entre une chose et une autre, à m'expliquer comment ça fonctionnait, pourquoi c'était comme ça et quelles stratégies je pouvais mettre en place pour "corriger" le problème ou le rendre tout relatif. Il y avait un côté pédagogique énorme dans ses séances.

Alors après, effectivement que ça ne conviendrait peut être pas à tout le monde, mais dans mon cas, comprendre ce qui me perturbait, pouvoir mettre des mots dessus pour le transformer en quelque chose de rationnel  plutôt que de subir sans comprendre, ça a été salvateur. Parce-qu'en dernière instance je pense que c'est ça le plus violent avec notre phobie (ou d'autres d'ailleurs) c'est qu'on la subit sans comprendre d'où ça vient très souvent, pourquoi on est angoissé etc... Et aujourd'hui je pense que la réponse à ces questions de base c'est la clé de voûte pour s'en sortir.

En espérant avoir répondu à vos questions.
Val
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